Océalia se lance dans la cacahuète
En Charente-Maritime, le groupe coopératif Océalia et sa filiale Menguy’s relèvent le pari ambitieux de relocaliser la production d’arachide, en créant une filière cacahuètes tricolore.
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Entre deux rangs de vignes et quelques champs de céréales, une culture tropicale fait son apparition en Charente-Maritime : la cacahuète. En collaboration avec la Ferme Darrigade, exploitation agricole landaise cultivant l’arachide, Océalia et sa filiale Menguy’s, spécialiste des graines apéritives et du beurre de cacahuète, se sont mis au défi d’implanter la culture en Poitou-Charentes.
« Développer de nouvelles filières »
« Menguy’s est à l’origine de cette demande. Nous travaillions jusqu’à présent avec des cacahuètes argentines, mais cela faisait plus de vingt-cinq ans que nous avions le projet d’introduire cette culture en France, explique Guillaume Lamy, directeur du pôle agroalimentaire d’Océalia et directeur général de Menguy’s. De son côté, Océalia cherchait à développer de nouvelles filières. Nous avons donc relancé ce projet il y a cinq ans avec des essais au champ, et aujourd’hui, nous récoltons nos premières cacahuètes françaises destinées à la commercialisation. »
Pendant ces cinq années d’expérimentations, les agronomes de la coopérative ont validé la conduite et la faisabilité technico-économique de cette culture. Semée au printemps pour une récolte en octobre, cette légumineuse s’intègre facilement dans les rotations, notamment après un maïs. « La conduite reste assez classique, mais l’arachide exige un sol filtrant, un bon contrôle de l’enherbement et le recours à l’irrigation », précise Mickaël Bertrand, coordinateur des filières maïs pop-corn et cacahuètes chez Océalia.
2 000 t d’ici 2030
En 2025, cinq agriculteurs pionniers de Charente-Maritime se sont lancés dans l’aventure et ont semé de l’arachide sur une dizaine d’hectares. Mi-octobre, l’heure était à la récolte, assurée par Océalia qui a investi dans une arracheuse. Après séchage, les quelque 20 t de cacahuètes attendues prendront la route du Tarn, direction les ateliers de Menguy’s à Mazamet. Elles donneront naissance à une nouvelle offre : des cacahuètes grillées, salées, 100 % françaises. « Menguy’s étant une filiale d’Océalia, nous avons travaillé dans une logique de filière. Ce qui est essentiel pour nous, c’est de développer une nouvelle culture en assurant le débouché. Et grâce à la sélection variétale, nous allons proposer des cacahuètes aux propriétés organoleptiques différentes de ce que l’on peut trouver sur le marché. Ces cacahuètes françaises auront un goût différent », se félicite Guillaume Lamy.
D’ici 2030, la marque espère mobiliser plus d’une centaine d’agriculteurs pour produire 2 000 t de cacahuètes, soit près de 10 % de ses approvisionnements. « Aujourd’hui, nous démarrons avec la cacahuète grillée, salée, comme produit à offrir au grand public. Par la suite, nous envisageons de décliner l’offre de produits à base de cacahuètes françaises, notamment autour du beurre de cacahuètes », détaille le directeur général.
« Des cultures à valeur ajoutée »
Pour les agriculteurs, l’intérêt est double : introduire une légumineuse dans son assolement et sécuriser son revenu via la contractualisation avec la coopérative. « Pour l’instant, nous ne sommes pas en mesure d’annoncer un prix, mais cette première récolte va nous permettre d’affiner le modèle économique », précise Mickaël Bertrand.
Mais pour Océalia l’objectif est clair : « Nous allons créer une nouvelle filière porteuse de valeur, qui va ramener de l’économie dans les exploitations agricoles et permettre de conserver nos agriculteurs sur le secteur. Car aujourd’hui, la filière céréales connaît des années compliquées. Le bouleversement climatique est important et apporter des nouvelles cultures à valeur ajoutée est indispensable. Nous essayons d’apporter ce service à nos adhérents », conclut Valérie Arrignon, administratrice Océalia.
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